9 Septembre 2021

[Lanceurs] Ariane 6 : un massif de lancement à toute épreuve

Pour supporter le lanceur et toutes les infrastructures sol, la zone de lancement d’Ariane 6 s’appuie sur le massif de lancement. Un ouvrage exceptionnel par ses dimensions aussi bien que par les conditions auxquelles il doit résister.
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Chantier du massif de lancement. Crédits : CNES

Sur la zone de lancement d’Ariane 6, il y a ce que l’on voit immédiatement, et les parties plus discrètes mais tout aussi essentielles. C’est le cas du massif de lancement, le socle en béton qui supporte le lanceur lui-même et tous les ouvrages et équipements nécessaires aux opérations d’assemblage final et au lancement. La table de lancement y est encastrée, de même que le portique mobile et le mât ombilical. Cette construction en partie souterraine abrite tous les systèmes sol enterrés qui permettent d’alimenter et de contrôler le lanceur jusqu’au dernier moment : fluides cryotechniques, systèmes électriques, bancs de contrôle, systèmes de climatisation… En sous-sol, des locaux sont aménagés pour recevoir les baies qui permettent de piloter les charges utiles. Le massif de lancement est également équipé des deux carneaux, les gigantesques conduits inclinés où s’échappent les gaz de combustion au décollage. 

Le massif de lancement est un ouvrage de génie civil hors norme qui subit des charges très importantes. C’est pour cela que les fondations s’appuient directement sur le sous-sol rocheux,
à 40 m de profondeur.

Pierre Guilhem, chef de projet moyens sol d’Ariane 6

Onde de choc et températures extrêmes

Au-delà des charges, le massif de lancement doit supporter des contraintes extrêmes de pression, de température et de vibration. Le décollage du lanceur de 1200 tonnes générera une onde de choc qui se propagera dans les carneaux et dans la structure du massif, avec des températures pouvant atteindre jusqu’à 2500° au niveau du lanceur. « Par nature, le béton n’est pas un matériau très souple. Des dispositifs comme les déluges d’eau permettent d’atténuer le choc, mais on lui demande d’être capable de résister à ces efforts très intenses et très brefs, ainsi qu’aux abrasions générées par les jets des boosters », explique Pierre Guilhem. Ces caractéristiques font du massif de lancement un ouvrage exceptionnel dont la construction a nécessité 3 ans de travaux. Le chantier de génie civil, sous la responsabilité du CNES, a été réalisé par un groupement d’entreprises piloté par Eiffage, et a mobilisé jusqu’à 300 personnes au pic d’activité. Tout au long du chantier, une attention particulière a été portée aux aspects environnementaux, afin d’en limiter au maximum les impacts.


Le saviez-vous

Le massif de lancement présente des dimensions impressionnantes : 70 m de long et 40 m de large sur 10 m de profondeur. La réalisation des carneaux (200 m de long et 40 m de profondeur au point le plus bas) a nécessité de faire une excavation sur une surface équivalant à deux terrains de football. Les locaux souterrains, d’une hauteur de 5 m sont protégés, au niveau du lanceur par une dalle de 1,5 m d’épaisseur et par des murs de 1 m d’épaisseur.

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Lanceur - image d'illustration Crédits : Alena Butusava

Série lanceurs

Qu’on les nomme lanceurs ou fusées, cette activité du CNES - qui contribue à garantir l’accès autonome à l’espace de la France et de l’Europe - est en constante évolution. Nous vous proposons de découvrir son actualité via une série d’articles. Vous y lirez tous les détails sur le nouveau lanceur Ariane 6 et sa base de lancement et vous familiariserez avec les innovations et ruptures technologiques qui nourriront les futurs programmes à l’horizon 2030.

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