19 Janvier 2022

[Lanceurs] La première traversée transatlantique d’Ariane 6

Les éléments du corps central du lanceur européen destinés à la réalisation des essais combinés ont fait pour la première fois le voyage entre les sites de production et la Guyane.
is_lanceurs_ariane6_acheminement_pariacabo.jpg
Déchargement du module LLPM au port de Pariacabo Crédits : ESA/CNES/ARIANESPACE

C’est un pas décisif vers le premier vol d’Ariane 6. En vue de la réalisation des essais combinés au sol qui doivent aboutir à la qualification du lanceur, les premiers modules représentatifs du corps central ont été acheminés vers la Guyane en ce début d’année. Ce voyage en un seul convoi s’est déroulé en plusieurs étapes pour récupérer les différents éléments qui le composent sur les sites de production. Le module LLPM, d’abord, étage principal de 30 m de haut équipé du moteur cryotechnique Vulcain 2.1, assemblé à l’horizontale dans un nouveau batiment aux Mureaux, a voyagé dans son conteneur sur une barge sur la Seine jusqu’au port du Havre, où il a été chargé sur un navire cargo. De là, le convoi a mis le cap sur Brême, en Allemagne, pour récupérer le module supérieur ULPM avec le moteur Vinci, lui aussi couché dans un conteneur. Enfin le navire roulier néerlandais Eastern Rock a pris la direction de Kourou et du port de Pariacabo qu’il a atteint à la mi-janvier. 

Ce premier convoi effectué pour les essais combinés ne transportait que les éléments du corps central. En conditions nominales, le circuit passera aussi par Rotterdam pour la coiffe et se dirigera vers Bordeaux pour récupérer les éléments des boosters qui viendront compléter les moteurs P120C réalisés en Guyane.

Yves Prel, chef de projet CNES au sein de l’équipe programme Ariane 6 ESA

Assemblage du lanceur complet

A leur arrivée en Guyane, ces 2 modules sont transférés vers le bâtiment d’assemblage lanceur (BAL), déchargés de leurs conteneurs et assemblés mécaniquement toujours en position horizontale, un processus plus rapide et plus simple qu’à la verticale comme pour Ariane 5. Cette opération sera suivie par les connections électriques et fluides. Le corps central ainsi constitué doit ensuite gagner la zone de lancement, à environ 1 km, où il sera érigé verticalement sur la table de lancement et assemblé avec les autres éléments. « Dans le cadre des essais combinés, le lanceur sera constitué de ce corps central représentatif, de la coiffe longue de vol qui a déjà été intégrée avec une maquette de charge utile au BAF (bâtiment d’Ariane 5 utilisé également pour Ariane 6), et des 4 boosters, dont 3 simulés sous la forme de pylônes en acier remplis d’eau, et le quatrième totalement représentatif mais chargé d’un propergol solide inerte », détaille Yves Prel. L’assemblage du lanceur complet donne le départ de la campagne d’essais combinés, qui se poursuivront dans les prochains mois avec notamment, les opérations de remplissage des 2 modules et des mises à feu du moteur Vulcain.  

is_lanceurs_yves_prel.jpg
Yves Prel Crédits : CNES

 


Le saviez-vous

Jusqu’à présent, ce sont 2 navires rouliers, le Toucan et le Colibri, qui assurent le transport des éléments des lanceurs de part et d’autre de l’océan Atlantique. A partir de l’année prochaine, ArianeGroup fera appel à un nouveau bâtiment, le Canopé. Sa particularité : il s’agit d’un bateau d’un nouveau genre, long de 120 m et équipé d’une motorisation à fuel, gaz liquéfié et de 4 voiles articulées inspirées par les ailes des avions. Cette solution hybride permet de réduire fortement la consommation de carburant et de diminuer les émissions polluantes de 35%.

is_illustration-serie-lanceurs.jpg
Lanceur - image d'illustration Crédits : Alena Butusava

Série lanceurs

Qu’on les nomme lanceurs ou fusées, cette activité du CNES - qui contribue à garantir l’accès autonome à l’espace de la France et de l’Europe - est en constante évolution. Nous vous proposons de découvrir son actualité via une série d’articles. Vous y lirez tous les détails sur le nouveau lanceur Ariane 6 et sa base de lancement et vous familiariserez avec les innovations et ruptures technologiques qui nourriront les futurs programmes à l’horizon 2030.