5 Mai 2022

[Lanceurs] Premiers essais cryogéniques pour Ariane 6

Opération finale des ECT (early combined tests), les essais CCS Cryo consistent à mesurer les efforts transitant entre les moyens sol et le bord et de procéder à la déconnexion des liaisons fluides bord/sol, le tout en configuration thermique réelle. Ils sont réalisés par le CNES sous responsabilité ESA et embarquent des objectifs lanceur (ArianeGroup), sol (CNES) et système de lancement (ESA).
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Essais CCS Cryo Crédits : CNES

C’est la dernière étape préparatoire aux essais combinés d’Ariane 6. Les essais CCS Cryo (CCS pour cryogenic connection system) réalisés ce printemps sur la zone de lancement de l’ELA-4 ont pour objectif de tester en configuration représentative les liaisons fluides entre le sol et le lanceur. Plus précisément, il s’agit de créer une connexion entre les moyens d’avitaillement (les bras cryotechniques au niveau de l’étage supérieur ULPM et les caissons MANG au niveau du 1er étage LLPM) et une maquette du lanceur équipée d’une plaque d’interface représentative, et de faire une circulation d’hydrogène liquide à une température de -250°C pendant environ 2 heures. Cela permet de mettre en froid l’ensemble de l’équipement pour pouvoir évaluer l’influence de ces conditions sur les efforts supportés par la plaque d’interface et enfin de  procéder à un largage comme cela sera réalisé avec le vrai lanceur lors du premier vol. 

 C’est une opportunité unique de pouvoir tester la phase de déconnexion dans des conditions représentatives d’une chronologie de lancement. L’enjeu est d’autant plus important que cette phase de déconnexion se fera en temps positif sur Ariane 6, c'est-à-dire une fois l'ordre de décollage donné.

Emmanuel Abou Zahr, ingénieur système au CNES

Contrôle d’étanchéité

La campagne CCS Cryo est aussi l’occasion de tester certaines phases de mise en œuvre qui interviendront dans les derniers instants de la chronologie. « Une fois que les opérations d’avitaillement sont terminées et que le clapet est fermé, le lanceur devient autonome et le sol se prépare à la phase de déconnexion. On évacue  tout l’hydrogène qui se trouve dans l’ombilical qui a servi à l’avitaillement et on contrôle l’étanchéité des interfaces. Nous profitons donc de cette campagne  pour affiner toute la mise en œuvre associée à cette évacuation et à ce contrôle », explique Emmanuel Abou Zahr. 


La campagne, conduite par Olivier Ryckebosch, ingénieur CNES à l'ELA-4, se déroule en 2 phases. Elle a démarré par deux essais sur l’étage supérieur : une circulation d’ergol qui permet de mesurer les efforts et de tester la mise en œuvre du contrôle d’étanchéité, et une chronologie dédiée à la déconnexion avec ouverture du bras. Elle se poursuit ensuite au niveau de l’étage inférieur avec les mêmes opérations, et une chronologie supplémentaire pour vérifier le comportement du système avec une simulation de fuite.


Le saviez-vous

Les bras cryotechniques et les caissons MANG avitaillent le lanceur en hydrogène liquide et en oxygène liquide. Cependant les essais CCS Cryo ne concernent que les moyens dédiés à l’hydrogène, plus compliqués à mettre en œuvre. Le côté oxygène sera testé en conditions thermiques lors des essais combinés avec une maquette représentative du lanceur, à l’occasion d’un essai qui prévoit le largage des interfaces LLPM et ULPM.

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Lanceur - image d'illustration Crédits : Alena Butusava

Série Lanceurs

Qu’on les nomme lanceurs ou fusées, cette activité du CNES - qui contribue à garantir l’accès autonome à l’espace de la France et de l’Europe - est en constante évolution. Nous vous proposons de découvrir son actualité via une série d’articles. Vous y lirez tous les détails sur le nouveau lanceur Ariane 6 et sa base de lancement et vous familiariserez avec les innovations et ruptures technologiques qui nourriront les futurs programmes à l’horizon 2030.