4 Juin 2020

[Lanceurs] Dernier essai avant qualification pour le booster d’Ariane 6

Le moteur P120C qui propulsera les nouveaux lanceurs Ariane 6 et Vega-C sera testé en configuration Ariane 6 cet été. Cet essai à feu, au plus près des conditions réelles, constitue la dernière étape avant sa qualification.

 

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2ème essai à feu du moteur P120C. Crédits : © CNES/ESA/Arianespace/Optique Vidéo CSG/JM Guillon, 2019.

C’est une étape cruciale avant la mise en service du nouveau lanceur Ariane 6. Dans le courant de l’été 2020, le moteur P120C des boosters d’Ariane 6 passera son dernier essai de qualification (QM2) au Banc d’Essai des Accélérateurs à Poudre (BEAP) de Kourou. La particularité de ce matériel, le plus gros moteur monolithique au monde (3,4 m de diamètre et 13,50 m de haut), est d’être commun à Ariane 6 et à Vega-C, ce dernier étant une évolution du Vega actuel qui décollera pour la première fois à la fin de l’année. 

 Le P120C sera utilisé seul sur Vega-C, ou au nombre de 2 ou de 4 selon les versions d’Ariane 6. Son rôle consiste à assurer par sa forte poussée le décollage et la propulsion des premiers étages des 2 lanceurs.

Eric Robert, technical officer P120C

Plus de 600 paramètres mesurés

En 2018 et 2019, deux essais à feu ont déjà été réalisés, appelés Development Motor (DM) et Qualification Motor 1 (QM1), avec une configuration d’accrochage de jupe arrière spécifique et une avionique correspondant à Vega-C. Il s’agira cette fois de tester le moteur avec l’avionique, les chaînes pyrotechniques d’allumage, la jupe arrière et les principes d’accrochages d’Ariane 6. Cet essai, qui simulera les conditions réelles d’un vol, donnera lieu à plus de 600 mesures permettant de vérifier le fonctionnement du moteur et de toutes les structures adjacentes : pressions, températures, accélérations, vibrations, mesures d’effort…

Des installations impressionnantes

L’essai se déroulera dans les installations développées à l’origine pour le développement et la qualification des moteurs d’Ariane 5. Relié à la tour du BEAP, haute de 50 m, le moteur s’allumera pendant près de 2 minutes dans un grand jet de flammes. « Mis à part le fait que le moteur est soigneusement fixé pour éviter qu’il s’autopropulse, il s’agit d’un tir à la verticale dans la même configuration que le décollage et le vol du lanceur », explique Eric Robert. Au pied de la tour, un immense bassin de 50 m de profondeur et 200 m de long canalise les gaz éjectés. 

Une fois l’essai terminé, l’ensemble des mesures sera analysé, puis les pièces du moteur seront démontées et expertisées par les industriels, afin de prononcer la Ground Qualification Revue (GQR) qualifiant le P120C pour Ariane 6.


Le saviez-vous

Le nom du propulseur, P120C, ne doit rien au hasard. Le P signifie qu’il est alimenté par du propergol solide, communément appelé « poudre », 120 désigne la masse de propergol (en tonnes) qu’il devait contenir à l’origine du programme. « Aujourd’hui, c’est plutôt 140 tonnes, mais le nom de départ est resté, précise Eric Robert. Ce code permet au début du projet de fixer les ordres de grandeur en ayant l’essentiel dans un acronyme. » Quant au C, il veut tout simplement dire que le moteur est commun à Ariane 6 et à Vega-C.